Dans ton corps. Ton cœur. Ton âme. Ton miroir. Peu importe.
Il y a plusieurs couches. Qui s’épluchent. Comme s’il y avait toujours quelque chose dessous. Tu n’atteindras jamais le vide. Tout est toujours plein. Rempli. Présent.
Tu es multiple. Tu es. Parfois trop. Souvent pas assez. Tu es recouvert. Comme l’hiver. Tu es immortel. Aussi. Tu es les arbres. La nature. La vie. Tu es le vent. Le souffle. Tu es physique. Vivant. Saisissable. Tu es indéfinissable. Tu es tous ces possibles qui traînent dans ton corps. Tu es. Pourquoi pas. Ce corps.
Tu es ces couches. Cette écorce. Que ta propre sève abîme. Que ta propre sève reconstruit.
Tu es cet oignon qui se pèle. Qui fait couler tes yeux.
Tu es laid. Beau. Fracassé. En mille morceaux.
Tu es ton puzzle. A reconstituer.
Tu es stratifié et cristallisé sous les couches de ton inconscient.
Ta douleur est bel et bien là !
Tu es ce corps. Ses possibilités. Cette multiplicité. Imperceptible.
Son style. Ses formes. Les miennes aussi.
Tu es ce corps. Qui marche. Qui avance. Qui bascule. Qui bouffe. Qui crève. Qui bouge pour aimer. A travers tes pensées. Les siennes.
Tu es ce putain de bordel dans ce corps. Ces couches qui s’entassent.
Tu es sa bulle. Sociétaire. Impénétrable. Féminin. Masculin.
Tu es tant d’épaisseurs différentes. Tant de matières. Tant de laideurs. Tant de plaies. De fêlures. Tu es interminable.
Tu perçois tes propres strates. Tu les ressens. Elles s’entrechoquent pour exister. L’une par-dessus l’autre. Pour exister l’une par-dessous l’autre. L’une pour l’autre. L’une à côté de l’autre. Elles sont ton propre bordel. Ta propre vie. Elles sont ton écorce.
Maintenant, tue, pour moi, le cadavre qui traîne dans ta tête. Marche sur toutes tes couches.
Tu es ta résilience.
Texte écrit pour la Collection « Fabiola » présentée à la Fashion Week de Milan. Février 2024
Je défends la multiplicité. Et le déséquilibre.
J’éclaire nos ruelles sombres. Et nos sorcières.
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